Alors que d’autres constructeurs automobiles se tournent vers le marché du haut de gamme pour déployer leur portfolio de véhicules zéro émission, Stellantis adopte une approche plus – disons-le – terre à terre.
Ainsi, le premier véhicule à garnir sa gamme ZÉ a été un Jeep. Et pas n’importe quel Jeep: il s’est agi du Wrangler, si cher aux yeux de ses inconditionnels. Voilà qui était un choix étrange, considérant que le marché de l’électrification est dominé par Tesla avec ses berlines de luxe et son espèce de bidule Cybertruck.
Et pourtant, selon le grand patron mondial de Jeep, Christian Meunier, le Jeep Wrangler 4xe est «de loin» le véhicule hybride rechargeable le plus vendu en Amérique. On avait d’abord pensé que la cohorte des acheteurs de Wrangler serait trop traditionnelle pour sauter à pieds joints dans l’engouement pour la propulsion au lithium-ion? On s’est trompé: la combinaison d’une conduite à faibles émissions et d’un abondant couple électrique a hautement résonné auprès de ce fidèle public.
Fort de ce succès, le responsable des activités nord-américaines pour Jeep, le Canadien Jim Morrison, a récemment annoncé que «d’ici la fin de 2025, notre gamme complète sera électrifiée. Qui plus est, quatre de ces véhicules seront des véhicules 100% électriques.» Et bien que certains de ces nouveaux Jeep exclusivement alimentés par batteries seront des modèles de luxe qui rivaliseront, avec Tesla, Audi et BMW, dans les hautes sphères du luxe, au moins un véhicule, le Jeep Recon, ciblera les mêmes passionnés de tout-terrain que le Jeep Wrangler 4xe.
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Peu de détails ont été livrés, mis à part que le Recon sera a) exclusivement proposé en variante 100% électrique et b) qu’il sera «Trail-Rated», la désignation officielle de Jeep pour le hors-piste. M. Morrison a refusé de s’épancher sur ladites capacités off-road, mais il a tout de même affirmé que les angles d’approche et de départ seront dans la même ligue que ceux du Wrangler Unlimited (le modèle à quatre portes).
Le Jeep Recon profitera également ce que M. Morrison appelle «l’authentique liberté Jeep en plein air», avec un toit à rabattement d’une touche et des portes amovibles. Autrement dit, ça sera un Wrangler, mais sans moteur à essence. Et pour rassurer les partisans quant à l’avenir de leur véhicule tant chéri, M. Morrison a ajouté que non seulement le Wrangler ne disparaîtra, mais qu’il répondra encore mieux aux attentes de son public hardcore.
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Le Jeep Recon électrique entrera en production en 2024, avec une ouverture des réservations – et des dépôts au début de 2023.
D’abord le Jeep Avenger… mais pour ailleurs
Cela dit, le premier Jeep 100% électrique à débarquer sur le marché international sera le nouveau Jeep Avenger. Compact et évidemment conçu pour la jungle urbaine, il s’offrira d’abord à l’Europe et au Japon dès 2023.
La patronne de Jeep Europe, Antonella Bruno, affirme que la majeure partie du portfolio sur le Vieux Continent «sera électrifié» d’ici la prochaine année et que son premier modèle 100% électrique, le Jeep Avenger, livrera une autonomie dans les 400 kilomètres.
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Mais pour l’Amérique du Nord, obsédée par les (grandes) dimensions, le premier Jeep 100% électrique – et exclusivement électrique – sera plutôt le Wagoneer S. Pour celui-là, Jeep promet 600 chevaux et un 0-96km/h en 3,5 secondes. Comme son homonyme à essence, le Wagoneer S sera doté d’une féroce transmission intégrale, sauf qu’ici, la mécanique prendra la forme d’un moteur électrique à chaque essieu, plutôt que d’une traditionnelle boîte de transfert Quadra-Trac.
Contrairement à d’autres Jeep, les Wagoneer et Grand Wagoneer y compris, le nouveau venu ne se présentera pas avec l’habituelle silhouette massive d’un utilitaire. En effet, Ralph Gilles, un (autre) canadien à la tête du département de style chez Stellantis, a plutôt dévoilé un design fastback des plus innovants, jumelé à un gigantesque aileron qu’on dirait emprunté d’un bolide Le Mans GTP.
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Un peu moins convaincante est cette affirmation de Ralph Gilles à l’effet que l’autonomie électrique rejoindra les 400 milles — soit 640 kilomètres. Considérant que le VUS électrique avec la plus grande autonomie est actuellement le Tesla Model X, à partir de 156 000$ et dont les 100 kWh permettent 560 kilomètres, ça semble pousser la chose un peu trop loin.
Poussant l’optimisme encore plus loin, Jim Morrison a promis qu’un nouveau Grand Wagoneer 100% électrique sera en mesure d’accomplir le trajet entre New York et Toronto – soit plus de 800 kilomètres! – «avec sa seule charge initiale ».
La raison pour laquelle cette affirmation défie autant la crédibilité, c’est qu’il n’y a présentement qu’un seul véhicule électrique commercialisé au monde qui puisse prétendre à pareille autonomie. Il s’agit de la Lucid Air, plus précisément sa version Dream. Sauf que je vous rappellerai qu’il s’agit d’une berline allégée par une utilisation extensive de la fibre de carbone, qui profite par ailleurs de l’aérodynamisme d’une goutte de pluie. Deux attributs qui, évidemment, ne s’appliquent pas à un Grand Wagoneer de sept passagers.
Il faut savoir que ce type de véhicules à l’aérodynamisme d’une brique consomment plus ou moins 31 kWh/100 km, comme le fait par exemple le Rivian R1S. Avec ce genre de «consommation» électrique, et pour qu’il puisse prétendre à une autonomie de 800 kilomètres, le Grand Wagoneer devrait miser sur des batteries de 245 kWh.
Euh… je vous rappelle que le GMC Hummer EV, qui clame 530 km d’autonomie, ne dispose que de 212,7 kWh. Qui plus est, ses batteries pèsent à elles seules un méga 1329 kg, soit plus qu’un Hyundai Kona.
Quand même: alors que tout le monde lance sa quête d’électrification sur les traces de Tesla, Stellantis cherche plutôt à tailler sa propre place dans des catégories – disons-le – moribondes du marché électrique. Ainsi, la division des muscle cars Mopar de Dodge s’attaque au cœur même de la performance nord-américaine, tandis que l’accent mis par Jeep sur l’électrification, comme Christian Meunier le dit si éloquemment, «contribue à garantir que des millions de fans de Jeep dans le monde entier aient une planète à explorer, à embrasser et à protéger».
Ça m’a l’air d’être un bon plan!
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